Thomas Collet
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DIMENSIONS 2180 cm x 82 cm
17,876 m2 de structure
15,15 m2 de monotypes de 6,3 × 8,9 cm
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2702 monotypes répartis comme il suit :
2240 monotypes posés sur 6000 clous pour les 160 premiers rangs 462 monotypes posés sur 33 tasseaux bruts pour les 33 derniers rangs
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Ran 7 est une pièce qui renaît sous d’autres formes à chaque lieu qui l’accueille.
Charrière en est la 5ème version.
Un monotype de type Ran est un estampage en plusieurs couches sur papier déchiré. Tous les bouts de papier sont uniques et ont au moins une couche de bleu (céruleum, outre-mer, cobalt ou Prusse).
Pour chaque Ran 7 de nouveaux monotypes sont réalisés et sèchent dans le lieu. À Charrière, 256 monotypes sèchent avec la poussière des murs. Ils seront présents lors de la prochaine installation dans un autre lieu.
Un Ran 7 est donc nomade. Rien n’est fixé, tout est fragile, prêt à partir, à la merci de l’attention des spectateurs et des éléments.
Les monotypes ne sont pas collés ou fixés mais posés. La structure elle-même a été réalisée en tenons-mortaises et à l’aide de chevilles taillées à la main. Comme une charpente du XV ème siècle.
Les pieds sont posé sur le sol et aucune altération du lieu n’a été faite.
Les chevrons ont été brûlés dans mon jardin avec les copeaux issus de leurs propre rabotage.
Les pieds ont été brûlés au chalumeau, sur place.
Pour poser les 3/4 des monotypes, 6000 clous ont été mis. Ces clous sont pour la plupart anciens, issus d’entrepôts. Certains auront attendus 60 ans avant d’être utilisés.
Sur les 160 premiers rangs les monotypes se redressent peu à peu ; ce qui implique une hauteur et un écartement précis des clous à chaque rang.
Plus loin, sur les 33 derniers rangs, c’est l’espacement qui entre en jeu. Les rangs du fond sont décalés de presque 30 cm mais par l’effet de parallaxe, les espaces discrets, c’est à dire le vide entre les rangs, ne se voient pas.
La structure part à 6 cm du sol et monte juste derrière l’autel à 168 cm (ce qui est la bonne taille, puisque c’est la mienne).
La pièce peut se voir de dehors, par le trou de la serrure ou de n’importe quel point de l’espace. Elle sera juste différente. Il en va de même avec les horaires, la pièce étant particulièrement sensible aux fluctuations lumineuses.
La structure a été pensée sur 2 ans et réalisée entre Mai et Juin 2021.
Il aura fallu 6 jours pour l’adapter finement aux anfractuosités du sol, au parcours de la lumière et des spectateurs, à trouver la courbe juste, en accord avec le silence du lieu.
Sur le jeudi soir, le vendredi et le samedi matin, les monotypes ont été agencés et posés, dans un état second dû à la fatigue et à l’emprise du prieuré. Ce moment final n’est pas calculé.
L’enjeu n’était ni de magnifier le lieu, ni de mettre en avant mon travail. L’enjeu était ailleurs. Je vois maintenant que si tout à été changeable le long du travail, ce qui aura été obtenu correspond à la première note que j’aurai écrite sur ce projet :
« …couverte par la nuit ou dévoilée par la course du soleil, bercée par le bruit des pas des visiteurs ou attentive à la parole des spectateurs qui la regarde et la parcoure dans ces mêmes moments, elle est là : immobile – ou tellement lente. »
Thomas Collet Juin 2021